Au commencement, je me posais régulièrement la question pourquoi ai-je peint ça. Le temps passe, la production s'accumule et la question n' a toujours pas de réponses; une seule chose est claire : je continue. Ce constat assez simpliste ne suffit pas à justifier une activité artistique.
Une remarque s'impose à propos du mot simple : dès qu'on l'emploie dans l'art, tout devient compliqué.
Je ne me rappelle plus d’ailleurs de mes débuts mais ce dont je suis sûr; c’était de la jouissance de peindre : étaler de la peinture, faire des jus, passer et repasser la brosse. Et le temps passait à une vitesse, c’est peut-être pour ça que la question n' a toujours pas de réponses; une seule chose est claire : je continue.

C’est simple.
-Non.

La peinture est une chose sérieuse et je la pratique de façon légère mais suivant mes humeurs, j’inverse cette maxime et je m’aperçois alors que mes humeurs sont égales.
Pardon, je m’égare.

Le mot simple c’est une maîtresse insaisissable, qui disparaît au moment crucial de la création. J’aimerai être insensible à ce mot simple-simple-simple, je l’aimerai insécable.
Le vice de cette maîtresse est désarmant, c’est la vertu.
Inexorablement, on passe d’un extrême à l’autre : vice/vertu, vertu/vice. Ballotté et flottant au milieu de cet espace paradoxal, l’artiste se récupère tant bien que mal pour retrouver un peu de calme -une vie- en produisant une oeuvre.
Quelque soit l’oeuvre !

Et sa nature...
-L’important est de s’éjecter.

Plutôt qu’artiste peintre, plasticien voire créateur contemporain; je préfère le titre de poète barbouilleur. Poète c’est délaissé alors je le prend et barbouilleur par rapport à ma technique, c’est honnête.

Mais la poésie, c’est les mots.
-Je parle en anglais.
“Words like colors for thinking like painting.”

Barbouiller, c’est peinturlurer, peindre grossièrement; c’est aussi par extension, gribouiller comme écrire des choses de peu de valeur. Même en expliquant la peinture, je retrouve les mots.
Grossier et sans valeur, je le suis sans doute. Et je suis mortel, j’en ai conscience alors je peins : je laisse des traces.
Voilà, la peinture c’est des traces.

Des traces qui tournent en rond...
-Tu veux un exemple !

Le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le politique qui distrait le clown qui distrait le...

Dans ce cas, le visuel est gagnant. Je suis un vainqueur grossier qui suis son instinct, en peignant des mots.

Épilogue (provisoire).
Vendredi 18 décembre 1998, un peu de poésie.

et je suis
dans le flux
amer comme un martini
à mort avec un martinet
Pour en finir (provisoirement), pour mon plaisir de la répandre.
La phrase.
“Voilà;
ma peinture, c’est des restes.”


À Montrouge, Olivier Nerry.

J’ai toujours été curieux (des yeux), Je scrute n’importe quoi mais pas n’importe comment. Je regarde mais je ne cherche pas le contact : je m’oublie.
L’endroit à peu d’importance, les gens aussi. À chaque fois quelque chose retient mon attention et je le garde en mémoire. Au fil des ans, j’élargis ma base de données et je la réactualise étant donnée la fréquentation des (mêmes) lieux et des (mêmes) personnes.

Cette base d’impressions visuelles influence mon activité artistique; je la transcode en lignes, couleurs, formes, espaces, matériau, mots, signes, rythmes, proportions, volumes, mélanges, découpages, assemblages et j’en oublie.

Et alors ?
-ça devient ma “production artistique”.
C’est quoi ?
-Un terme économique...

Je préfère énocomique car c’est le pendant de ma vie, un stock invendable, un inventaire qui n’en finit pas.
Ne pas (y) penser.
En parodiant Descartes, voilà pour moi : je vis, donc je suis. L’art, c’est l’inverse : je suis, donc je vis.
à bientôt.
Bye, bye, je bâille.